Besançon, 16 juillet 1943, le bombardement de la gare Viotte
Triste anniversaire que celui-ci. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1943, vers une heure du matin, les sirènes de la ville annoncèrent un danger venu du ciel...
Nous avons déjà rédigé deux billets concernant ce bombardement ; le premier le 12 juillet 2014; le second le 15 juillet 2015 (si vous souhaitez vous y reporter, saisir bombardement gare Viotte dans le moteur de recherche de ce site).
Alors pourquoi en reparler? La publication d'un livre consacré à ce bombardement, intitulé "Merci Monsieur Churchill" par M. François Henriot aux éditions de l'imprimerie Bobillier, ce printemps, relaie et relance un certain nombre d'interrogations. Monsieur Henriot a perdu 3 membres de sa famille dans ce bombardement. La famille Henriot habitait alors Bregille et c'est là que ces trois personnes, entre autres furent tuées, dont le père de l'auteur de cette étude, la colline ayant été bombardée.
Plutôt que vous résumer cet ouvrage, nous ne pouvons que vous inviter à le lire : il est construit d'une façon méthodique. (en vente dans les principales librairies de Besançon).
D'autre part, nous avons reçu, de la part d'un habitant des Chaprais, M. Jean Pracht, des photos réalisées par son grand-père, M. René Lacombe, qu'il a prises suite à ce bombardement. Il nous a donné l'autorisation de les publier, en mémoire de son grand-père. Nous l'en remercions vivement. De même, madame Pelot, habitant rue de l'Industrie a confié à Alain Prêtre, d'autres photos avec l'autorisation de les reproduire. Qu'ils en soient tous deux remerciés.
Il nous a semblé intéressant de vous donner à lire ici, l'article que Le Petit Comtois a consacré à cet événement, dans son numéro daté du 19 juillet 1943, sous le titre, à la "une" : Un raid terroriste de la RAF sur l'Est de la France. L'attaque de Besançon.
Rappelons que le contenu de ce journal est alors sous la surveillance des autorités d'occupation allemande.
" Dans la nuit de jeudi à vendredi, Besançon a subi, de la part des aviateurs anglo-américains, un de ces raids de terreur dont ils ont l'habitude depuis un certain temps en France.
Besançon a été survolée pendant plus d'une heure et les bombes, lancées sans discrimination, ont atteint de nombreuses maisons d'habitation.
Dès les premiers instants, les personnalités officielles se sont rendues sur les lieux: M. le Feldkommandant; M. Soum, Préfet du Doubs; M. Dumont, Secrétaire général de la préfecture; M. Bugnet, maire de Besançon. Elles ont vu le fonctionnement des services des pompiers, de la défense passive de la Croix Rouge, de la police et du secours national, du C.O.S.L. des jeunes du Secrétariat départemental de la jeunesse qui ont beaucoup travaillé avec beaucoup de courage et beaucoup d'ardeur au déblaiement, afin de sauver le plus de monde possible et surtout de secourir les blessés qui, transportés à l'hôpital Saint Jacques y recevaient immédiatement de la part d'un personnel particulièrement dévoué, des secours.
Les troupes de l'armée d'occupation ont participé en grand nombre aux travaux de déblaiement et à l'organisation des secours.
Les victimes
On a retiré des décombres 50 cadavres. 40 personnes blessées gravement ont dû être hospitalisées : on compte en outre une centaine de blessés légers. On craint qu'il n'y ait encore de nombreux disparus.
Les actes de dévouement
Les actes de dévouement, certes, n'ont pas manqué pendant la nuit tragique, surtout de la part des jeunes gens qui ont fait preuve de caractère en relevant les morts et les blessés : mais il faut signaler spécialement le geste de jeunes téléphonistes qui se sont mises spontanément, en pleine alerte, à la disposition du directeur des postes alors que leur service ne l'exigeait pas.
Deux millions pour les sinistrés
Le gouvernement a mis à la disposition de M. le Préfet du Doubs, une somme de 2 millions de F. pour les sinistrés?. Ceux-ci peuvent trouver tous les renseignements utiles à la préfecture où une permanence a été installée et où les premiers secours en argent seront attribués avec le minimum de formalités.
Ajoutons que M. Donati, Préfet régional, et M. Soum ont visité, dans la journée de vendredi les régions sinistrées de ce département. Ils se sont inclinés devant les morts : ils ont réconforté les blessés et ont pris toute mesure envers la totalité des sinistrés. A Besançon, ces derniers ont reçu du secours national, sous forme de vêtements et de repas, une aide particulièrement efficace.
Les obsèques
Les obsèques des victimes ont été célébrées dimanche 18 juillet à 16h devant l'hôpital Saint Jacques.
Le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat, s'était fait représenter par le général Campet, de sa maison militaire.
Nous rendrons compte plus en détails de cette émouvante cérémonie dans notre numéro de demain".
LE PETIT COMTOIS : 20 juillet 1943
"Après le raid de la RAF
Les obsèques nationales des victimes ont eu lieu dimanche en présence d'une foule considérable et recueillie.
Dimanche après-midi, à Besançon, un dernier hommage a été rendu par les autorités et par la population aux victimes du raid de l'aviation anglo-américaine.
Les cérémonies qui furent suivies par une assistance innombrable sont déroulées dans l'ambiance de recueillement et de gravité. Le souvenir de la nuit tragique marquait encore bien des visages et la vision de scènes douloureuses hantait encore bien des regards. Néanmoins la dignité et la résignation courageuse des familles éprouvées, la tenue calme et disciplinée de la foule sont venues témoigner, une fois de plus de la fermeté d'âme de nos populations de l'Est, si souvent frappées par la guerre, mais jamais abattues dans leur sang froid et leur dignité."
"Les fêtes, concerts et spectacles momentanément suspendus".
" Le comité ouvrier de secours immédiat a versé plus de 150 000 francs aux sinistrés".
" Le préfet et le maire recherchent des logements vacants./... Ils tiennent aussi à renouveler à l'Autorité occupante leurs remerciements pour la rapidité et l'efficacité de son concours"
Souscription pour les sinistrés
Nous avons relevé quelques souscripteurs dans le quartier des Chaprais :
Biscuiterie Buhler Panier : 5 000 F
Mrs Millot directeurs du Petit Comtois 5 000 F
Madame Hortense rue de Vittel 100 F
Madame Camus 13 rue Suard 100 F, etc.
4 photos de la gare Viotte après les bombrdements
Deux photos de l'impasse rue du Chasnot
Monument aux morts et rue Nicolas Bruand
Rue Nicolas Bruand et rue de l'Industrie proches de la gare.
rue de Belfort et rue Ledoux
Photos de madame Pelot, rue de l'industriI
2 photos de la rue de l'Industrie
La gare Viotte
A gauche rue Klein,
A droite rue de Belfort
Si vous possèdez, vous aussi, des clichés de cette période, acceptez de les partager ! Notre blog les pubierait et vous en resteriez propriétaire. Contactez nous.