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HUMEURS DES CHAPRAIS
20 juillet 2016

Photographies et poème de Guy-Georges Lesart : Mes sapins

Guy-Georges  Lesart  a présenté  plusieurs expositions  où il mixte  travaille  d’écriture poétique  et  photographie. Son thème : les transformations esthétiques que la neige apporte dans notre univers comtois durant quelques trois mois d’hiver.  Ses clichés lui inspirent des poèmes. Sa vision poétique  le  guide dans  ses prises de vue.    Images, mots et  impressions  dialoguent  donc sans cesse dans  ce travail.

 Il  développe de multiples rubriques dans  cette thématique hivernale  : arbres en hiver, ruralité en sommeil , univers des  skieurs de fond,  structuration des paysages par  la  neige,  effets fantasmagoriques ou  humoristiques provoqués par  la couverture  neigeuse…

   Voici un  exemple  de  ses productions  autour d’un poème  intitulé « Mes  sapins ».  

G L le grand auberson chaprais (2)

 

Le grand Auberson

J’ai  élu  président

Un   sapin  sentinelle à  la   croisée des  pistes

G L N-2 lepicea soldat (2)

 

    Au  budget  communal

                      L’épicéa soldat en  ordre  de bataille   pour les Noëls orgiaques

 

G L N-3 ce sont de grands poemes (2)

Ce  sont de grands  poèmes qui  marchent  dans  le  vent

 

Mes  sapins

 

 

Chaque   année

Vers  Décembre

Aux  Fourgs, à l’Auberson

Je  m’en vais retrouver  mes  amis  les  sapins

 

Aux  tronçonneurs   vibrants sciant  d’indifférence

Aux  faucheurs   de  forêts  pressés d’agglomérer

Laissons l’épicéa qu’on   abat  à  trente  ans

                 Le  sapin aux   poètes !

Il faut chanter le monde

Garder   le mot « sapin » qui  nous  donne  le  « La »

De son  « Alcool » musique

Sorti de l’alambic des  enchanteurs  de monde

Apollinaire le  décréta

 

« Peuple de grands rabbins

Astrologues pointus, demoiselles en fichu »

Sapins  Sapins

Rêves de nos enfances

Noëls par nous    chantés.

Sapins ontologiques

Evidents

Poétiques

 

Aux  exploitants

L’arbre à scier  

À Ronsard

La forêt Gastine.

Aux débardeurs, aux  bûcherons

Les  abattages  en masse

Les fûts  décapités   élagués dénudés

Les grappins tournoyants

Les  fûts que  l’on  amasse

A l’enfant  nostalgique

Le sapin personnage

 

 

Aux Fourgs  à l’Auberson

Aux  Rasses  plus profond sur plateau jurassien 

Face  aux  Alpes dressées  de passion tellurique

De Vaulions  en Mont-d’or  Chasseral    en  Suchet 

Adorons  en  hiver     ces  géants hiératiques 

Ces  majestés dressées

Que  rassemblent  la nuit des réunions  sabbatiques

 

Au  budget  communal

L’épicéa soldat en  ordre  de bataille   pour les Noëls orgiaques

Pour  les  combats rentables

Cousin des pins landais déplumés squelettiques

Éduqué  à produire finissant en  balcon   

Suppôt des étagères aux bibelots  si vains

 

Les  fondeurs  récurrents   les fondeurs  assidus

Concentrés sur leurs pas

Glissant à perdre  haleine arrachant l’oxygène

Ne les  regardent  pas

Ne les   saluent  jamais 

La  trace, rien  que   la  trace  le  « divertissement »  

Les  techniques de glisse et le  kilométrage

Ils  en  font  des   balises pour circuits  à boucler

Ils  fartent ils partent

 

Pour  survivre  insensible  au  reflux sibérien

A l’indiffèrence  qui  leur donne  chagrin

Les pins

Se couvrent  de résine

 

L’été  les herbivores

Penchés sur   l’herbe folle

Gentianes au ras des    cornes

Ne  voient  pas plus   ces dieux   de leur   vie monotone

 

J’ai  connu beaucoup d’arbres   au    caractère   noué

Fruitiers   héliotropes qui   semblent  torturés

Solitaires

Certains de l’absolu

Les     sapins isolés statiques  en  majesté

Aux  Fourgs à l’ Auberson parsemant  la  Grand  Borne

Aux  Vitiaux  aux Gittaz

Scandent à  l’unisson mes  poèmes de fond

M’apaisent et  m’encouragent  à  braver le  dégoût

 

 

Uniques en  contre jour   

Ce sont  des valeurs  sûres.

Des amis permanents

Promeneur  des  nuages

Ils s’appellent  de loin

Font   le guet par  relais  

Ils regardent  les Alpes    le Chasseron voisin.

Certains  semblent  entrevoir une  terre  promise 

Des  horizons chargés des ciels  ébleuis

Ce  sont de grands  poèmes qui  marchent  dans  le  vent

Ne les   couchez jamais  que sur votre  papier

Ne  les  fixez aux murs qu’en   clichés encadrés  

Ce  sont    des prométhées   réclamant liturgie

 

Voici l’abbé  Champy   

Béret soutane au vent 

Il  s’en  va  délivrer  les  derniers  sacrements

D’un  sapin   affolé sort   un  cheval    Dalien

Pégase de  canopées

Bondissant  d’une  flèche  et  rentrant dans  une  autre

 

Aux Rasses   un  dissident  fait  mine  de s’enfuir

Ses  frères  le  dissuadent  

Il veut   aller aux   Alpes, survoler   Neuchâtel

Ne le  retenez pas le  regret le  taraude

Il  restera  planté ici à  contre  vent

 

Je  les  connais  chacun de relation intime

Ils  sont de ma famille,

Oncles  à    visiter

Parents  à  étrenner

Ce   sont  les  grands témoins 

De ma faible  existence survivance débile 

 

Parcourant    la  grand  Borne

J’ai  élu  président

Un   sapin  sentinelle à  la   croisée des  pistes

Sis  aux   prises  Perrier

Ses voisins immédiats courtisans obséquieux

Délimitent      un chemin    qui mène   à la  commune

Il gouverne ma  vie

Des décembres  aux  Pâques

Quelques coups de spatules

Muret  de contrebande vestige  de  frontières

Franchi  comme  à Berlin par  un  vopos  hilare

Et  me voilà     en  Suisse  aux  pieds du patriarche

C’est le   « Grand  Auberson »

Grand Vert dans  son   bon   droit,

Droit dans  ses bottes

Droit dans  son tronc.

Massif et  maçonnique

Robe triangulaire de symétrie princière

C’est  mon grand  échanson de   solitude fier

C’est mon  grand  chambellan

Témoin de plusieurs     siècles.

Phare des  randonneurs

Dieu  pour  temps  d’athéisme  et  de  désespérance

Guide  spirituelle   pour   désorientés

Il donne la  leçon  à  ceux  qui doivent  vivre

Quand   l’étendue est  blanche et  ressemble  au néant

  

Lorsqu’en l’an    2000 un   souffle  ravageur

Alerte climatique   

Décima   ses  cousins  d’AVC cyclonique,

Je  suis  venu de  suite    accourir  aux nouvelles

Avait-il résisté ne  s’était-il  couché.

Il m’attendait serein

J’étreignis son bassin 

Comme on  prend l’énergie   des  survivants paniques.

 

Qu’  un  culte soit rendu   à   ce grand personnage

Allons  en  procession    comme  firent  les  celtes

Allons  le  remercier pour  sa leçon  de  vie  

On  peut se tenir droit et fier dans  le souci 

Et  garder  néanmoins  le  chef  aux   nuages

Qu’on  le dise interdit

Aux armées  tronçonnantes  et  souvent très  bûchantes  

Que   concession tacite  lui  soit  vite  accordé 

 

Sapins  permanents.

Sapins indépendants     des plateaux  jurassiens   .

Sapins   historiques 

Je  vous   inscris  au   patrimoine de mon humanité 

 

Le Paysage  a tort qui  se dit  désolé

 

                               GGL 2013

 

 

 

 

 

 

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