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HUMEURS DES CHAPRAIS
5 août 2017

M. Jules Devernay, un ancien habitant de la Cité Parc des Chaprais, raconte.....Poznan et Dunkerque...

M. Jules Devernay est né le 7 Octobre 1916 à Izegem en Belgique. Il sera, à sa demande, naturalisé français. Après la guerre et sa captivité, engagé dans l’armée, il a été en Occupation à Koblenz (Allemagne) où il fait connaissance de sa future épouse…qui était alors sa secrétaire. Un ami lui avait indiqué l’existence de logements disponibles à la Cité Parc des Chaprais où il aménage en septembre 1957. C’est d’ailleurs en décembre de la même année que naît son fils Patrick qui nous a aimablement communiqué ces textes. M. Patrick Devernay habite toujours la Cité Parc où il est d’ailleurs, à l’heure actuelle, le président du conseil syndical de cet ensemble de 4 immeubles soit 172 logements.

Ayant quitté, à cette époque là, l’armée, il travaille tout d’abord aux Nouvelles Galeries, puis à la CEDIS où il terminera contrôleur de gestion.

A l’occasion d’une exposition philatélique organisée en 1973 à Poznan, M. Jules Devernay, décédé en 1981, enterré au cimetière des Chaprais, se souvenait alors d’événements du passé : il les a relatés avec beaucoup d’humour. Son fils, Patrick a choisi les illustrations. Qu’il en soit ici remercié pour ce travail de mémoire.

Gageons que vous aurez plaisir à lire ce témoignage inédit dont la publication se poursuivra jusqu’à la fin du mois d’août.

 

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SOUVENIRS DU SERGENT DEVERNAY JULES (1916-1981)

 

Ce nom de Poznań m’a rappelé beaucoup de souvenirs.

Je voudrais vous les raconter, de façon humoristique pour vous distraire.

         Quelqu’un a dit : J’Y SUIS, j’Y RESTE ! (Mac Mahon)

         Moi je dis : J’y suis allé – je n’y suis pas resté !!

Tout ceci a commencé lorsque le 10 Mai 1940, nous avons appris que les Allemands, aprèsla Pologne, avaient bombardé et attaqué la Belgique et à Feignies dans le Nord.

Là, ça ne collait plus du tout parce que j’y étais avec mon Bataillon, mais nous avons quitté ce coin trop bruyant entre des barrages d’artillerie…etc…C’était (vos parents s’en souviennent peut-être) un secteur de la « ligne Maginot » dont la devise était « On ne passe pas » c’était formidable, pas vrai ?...et j’en faisais partie.

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Les blocs (maintenant nous avons trouvé un mot bien de chez nous car nous disons les « Blockhaus » !) sont abandonnés et nous prenons la direction de Valenciennes, puis de Raismes (Nord), c’était pas marrant, car il y avait beaucoup de monde sur les routes, des réfugiés, des militaires, des qui montaient, des qui descendaient et aussi des autres qu’à cette époque on appelait ceux de la 5° colonne ??? enfin, en majorité des gens qui ne savaient pas où ils allaient…mais ils allaient quelque part, ça c’est certain.

  

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 Comme il pleuvait beaucoup…de bombes et de mitraille provenant des avions qui faisaient des cartons dans la foule qu’ils prenaient d’enfilade, nous repartions, pour le moment, pour Hasnon à 2 h du matin (ce qui l’on pouvait être matinal à cette époque !) nous nous dirigeons sur Saint Amand les Eaux toujours avec les bombardements et les mitraillages d’aviation ; le 25 Mai St Amand est sérieusement bombardé.

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Mais nous sommes à quelques kilomètres où nous passons notre première nuit calme. Je me souviens avoir dormi dans un fossé et m’être réveillé le lendemain, trempé comme une soupe, car toute cette nuit-là, il y avait plu réellement, mais si l’eau passait sous moi dans ce petit fossé, moi je dormais du sommeil des « Anges » malgré trois pièces d’artillerie qui envoyaient des pruneaux(pas d’Agen) il fallait le préciser pour ceux qui ne connaissent que ceux-là.

Faute de véhicule nous abandonnons notre ravitaillement (à la guerre, comme à la guerre) et arrivons à Sainghien en Mélantois (Nord).Mon bataillon quitte le cantonnement pour Lille à 10 heures du soir et personnellement je le quitte vers 3 ou 4 heures pour arriver à Lille vers 6 heures du matin ; le bataillon est dans un état squelettique.

Les allemands s’installent partout, c’est une grosse pagaille quelle drôle de guerre ! Mais pourquoi se faire des soucis puisqu’il y a des affiches partout sur lesquelles on peut lire « Nous Vaincrons parce que nous sommes les plus forts » ou encore « Avec votre vieille ferraille nous forgerons l’acier victorieux ! » Dommage les gars en vert savent pas les lire, car ils auraient certainement fait gaffe, pour nous çà remonte sérieusement le moral car il faut dire qu’en cours de route, dans les bois et les forets nous ne savions pas ces choses importantes, nous ne rencontrions que des … prénommés Fritz, avec qui nous évitions d’engager la conversation.

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Aussi, prenant notre courage à deux mains et surtout à deux pieds, je me retrouve à Dunkerque qui est le port (pas la porte) de salut, et où il y avait bien du boulot, il consistait surtout à gagner du terrain…sur la mer, à l’aide de planches, de carcasses de voitures, de bateaux, de barcasses, enfin de tout et de rien, car il fallait encore allait plus loin et puis cela permettait aux Anglais de pouvoir embarquer pour passer un week-end ou plus à la maison et, à nous de faire les…Intelligents (qualificatif employé ici pour rester poli et correct).

Devant cette immensité de sable pollué par des tas de ferrailles de bric à brac innommables, d’êtres humains sans moyens (il n’y avait pas encore à l’époque de ministère de l’environnement) il ne restait pas grand-chose à faire…mais cependant j’ai fait un demi-tour non réglementaire et essayé de repasser à travers le rideau « vert de gris », vous voyez ce que je veux dire ? C’était le rideau des gars qui portaient sur leur costume un corbeau tenant dans ses serres une espèce d’araignée à 4 pattes tordus dans tous les azimuts.

Cette entreprise folle et non sans difficultés, je n’étais pas le seul à l’avoir pensée ; pour mon compte personnel elle réussit et j’arrivais à rentrer au bercail en me retapant les 70 kms (à vol d’oiseau) mais comme je n’étais pas un oiseau, au lieu de 70 j’en fis bien une bonne centaine, et l’on prétend que nous ne savons pas marcher, si…si…je savais marcher, car partant de près de Maubeuge, j’arrivais à Dunkerque pour retourner ensuite à Lille, je faisais donc par anticipation l’année du tourisme pédestre (1972).

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A suivre : prochaine publication mercredi 9 août 2017.

 

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