Que vivent les artistes aux Chaprais !
Les deuxièmes Rencontres des artistes des Chaprais qui se dérouleront le samedi après-midi 14 et le dimanche 15 mars nous incitent à évoquer, de nouveau, les artistes du passé. Puisque ces Rencontres célèbrent nos artistes contemporains, il est intéressant, nous semble-t-il, de nous interroger sur ces artistes du passé : ceux qui ont eu un rapport avec les Chaprais et qui ont acquis une certaine forme de postérité…
Dernière minute : cette rencontre est reportée du fait de la crise sanitaire.
Et l’actualité faisant bien les choses, nous évoquerons dans ce premier article le sculpteur Georges Laëthier : en effet, sa petite-fille qui habite Dijon est venue récemment à Besançon admirer les œuvres de son grand-père dans la ville et visiter le Musée des Beaux Arts. M. Alain Prêtre qui a rédigé un article sur ce sculpteur a montré à Mme Bernot, l’emplacement de l’atelier de son grand-père rue Grosjean, le poilu des glacis, sans oublier au coin de la rue Pasteur et de la rue E. Zola, le Saint Antoine et son cochon.
Madame Bernot, petite fille du sculpteur et un ami devant le "poilu" de son grand-père (photo A. Prêtre DR)
Nous avons retrouvé, aux archives municipales et sur le site Mémoirevive de la ville de Besançon, de nouveaux documents concernant le monument à Proudhon que Georges Laëthier avait réalisé et qui fut installé au rond point des Bains.
Inauguré en grandes pompes le 14 août 1910, il devait disparaître en 1942, fondu sur ordre de l’administration française de Vichy à la recherche de métaux non ferreux, afin de répondre aux exigences de l’occupant.
Aussi nous allons vous raconter l’histoire de cette commande officielle qui, à l’origine devait célébrer le centenaire de la naissance de l’enfant du pays, Pierre-Joseph Proudhon, né en 1809 !
Il faut signaler qu’une première tentative afin de le célébrer avait eu lieu, en 1881, à l’initiative du député du Doubs Dionys Ordinaire. Une souscription avait été lancée. Sans succès semble-t-il ! Mais certains conseillers municipaux s’en souviennent en 1909 lorsqu’il s’agit de relancer une souscription ! Et ils demandent des comptes….
Conseil Municipal du 22 février 1909
Le nouveau comité créé, on l’aura compris se veut plus sérieux et compte outre 18 conseillers municipaux, tous les sénateurs, députés, personnalités républicaines connues.
Très vite, le conseil municipal décide de donner pleins pouvoirs à ce comité. Des élus souhaiteraient que ce monument soit inauguré dès les fêtes de la mi-août 1909.
Mais cela s’avère impossible. Car il faut lancer un concours auprès des artistes qui devront réaliser une, voire plusieurs maquettes (M. Blanc en proposera trois !). Le conseil municipal les examine le 12 août 1909. Premier accrochage entre le Maire (Alexandre Grosjean) et M. Junius Gondy (le frère de Jean-Claudius, l’ancien maire décédé en 1901 ).Car le Maire indique que le sculpteur Greber souhaiterait les accompagner. Greber, élève de J. Becquet, est l’auteur du buste de son maître dans le parc Micaud. Or il était prévu que seuls les élus se déplaceraient ! « On nous prend pour des béotiens » s’exclame J.Gondy. Mais rien n’y fait…
Puis un conseil consultatif constitué d’artistes peintres et d’architectes classe les projets en leur affectant un certain nombre de points. Mais c’est l’assemblée générale du comité qui est souveraine et peine à départager deux projets. A noter que personne ne connaît les noms des sculpteurs auteurs des maquettes ! C’est seulement, une fois le choix définitif réalisé que l’on découvre le nom du lauréat : en l'occurrence Georges Laëthier, professeur à l’Ecole des Beaux Arts de Besançon.
Georges Laethier propose deux maquettes assez semblables
Le monument tel qu'il existait (carte colorisée) avant sa fonte
Georges Laëthier et son Proudhon déposé pour être fondu début 1942
Son projet ressemble étrangement à un dessin de Marcel Boutterin, l’architecte de la ville note M. Lionel Estavoyer.
"On sait que le sculpteur l'avait emporté sur son confrère Pasche, lors du concours de 1909. Mais s'était vu imposer alors par le jury des modifications de son projet. Aussi n'est-il pas impossible d'imaginer qu'il s'attachait la collaboration de Marcel Boutterin pour le conduire à bien....
Le projet d'Albert Pasche
"../..Le réseau croisé des relations bisontines où chacun se retrouve et où les générations qui se suivent continuent de tresser l'écheveau des camaraderies". Il semble en effet que les deux familles étaient amies et complices nous précise Mme Bernot.
Le projet de Marcel Boutterin pour la niche de l'hôtel de ville de Besançon (1909)
Voici quelques uns des autres projets non retenus :
Nous étudierons, dans un prochain article, comment, dans les années 50, deux artistes (aujourd’hui décédés), alors domiciliés tous deux rue de la Cassotte, emportèrent chacun un des deux projets mis en concours par la municipalité.
Sources : Mémoirevive ville de Besançon; archives municipales; catalogue de l'exposition "Générosités", donation Maria-Catherine Boutterin MBA 2005, Lionel Estavoyer; Mme Dominique Bernot; Alain Prêtre; les 3 articles déjà rédigés et publiés sur ce blog, à propos de ce sculpteur : le 22 novembre 2013; le 28 mai 2016; le 10 novembre 2018.
J.C.G. et A.P.