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HUMEURS DES CHAPRAIS
4 avril 2020

Les pompes à incendie Perrin, aux Chaprais

 Une notice publiée en 1855 par l’ingénieur des mines Aimé Henry  Résal dans le bulletin de la Société d’Emulation du Doubs a attiré notre attention. Elle concerne une pompe à incendie construite par un dénommé Perrin, aux Chaprais.

Notons de suite qu’il ne faut pas confondre Aimé Henry Résal  avec son fils Louis Jean qui a donné son nom à une rue aux Chaprais. Aimé Henry Résal, polytechnicien d’origine, avait été nommé ingénieur des mines, à Besançon, en 1853.

 Aussi, compte-tenu du caractère technique et scientifique de cette notice et de la mauvaise reproduction des schémas, nous avons demandé à M. Jean Pracht, ingénieur automobile de nous la transposer en langage compréhensible. Et notre ami Jean a, comme tout ingénieur de formation, cherché et fait des découvertes surprenantes susceptibles de vous intéresser.

p a i perrin 1

 

pompe perrin 1

 Résumons donc ses nombreuses trouvailles dans les archives numériques des Arts et Métiers, de la Bibliothèque Nationale de France, la bibliothèque de Munich et le journal franc-comtois L’Impartial.

Perrin 1857 CNAM

 

 

Perrin 1857 BNF

 

 

 

 

pompe perrin bib

 

Tout d’abord, ce fabricant de pompes à incendie était assez ingénieux puisqu’il avait réussi à mettre au point un puis plusieurs modèles de pompes à incendie, peu coûteuses et fort efficaces. Et ce dès 1839 (sa société a été constituée officiellement, le 1er avril !).

M. Perrin dont on ne connaît pas le prénom est présenté comme ‘mécanicien breveté aux Chaprais ». Aucune adresse n’est précisée.

Il participe à l’exposition des Produits de l’Industrie Française, en 1844, à Paris, où il obtiendra une médaille de bronze dans la section II Moteurs et machines hydrauliques, Pompes et machines à élever l’eau. Précisons que cette exposition, la 10° du genre depuis 1798, avait réuni durant 60 jours pas moins de 3 960 exposants et distribué quelques 3 253 récompenses. Et notre ami chapraisien Perrin n’a pas été le seul, il faut le souligner, à être récompensé dans le domaine des pompes à incendie. Le jury rappelle d’ailleurs à cette occasion qu’en 1839  une médaille d’argent (Guérin à Paris) et une médaille de bronze ( Kress à Colmar) avaient déjà été accordées. Et donc, en 1844, le jury délivre, en plus de cette médaille de bronze à Perrin, deux autres médailles également de bronze (Debaussaux à Amiens et Thirion à Paris) ; mais aussi trois mentions honorables  à 2 parisiens et un fabricant installé à Saumur.

p a i perrin médaille de bronze 1

Nouvelle participation en 1855 à l’exposition internationale de Paris, voulue par l’empereur Napoléon III, dans un Palais de l’Industrie tout neuf ! Là, ce sont 23 954 exposants dont 11 986 français (plus de 4 millions de visiteurs au palais). Nouvelle récompense pour les pompes à incendie Perrin : une médaille sans qu’il soit précisé sa nature exacte. Et ce doit être à cette époque qu’il s’associe avec Lambert père fils de Vuillafans, où semble-t-il sont construites ces pompes. En fait, les Lambert sont des fabricants de pointes à vis qui ont laissé leur nom dans l’histoire du village.

Pompe_Perrin_1

Pompe_Perrin_2

Les nouveaux associés ne manquent pas d’idées pour la commercialisation de leurs pompes. Ils s’adressent en effet, en 1857, à l’empereur afin de solliciter une lettre d’encouragement qui deviendrait, écrivent-ils « notre titre de noblesse ».

Car ils ont une idée géniale : inciter les petits villages (sur 37 000 communes existant alors en France, 20 000 ne disposent pas de pompes à incendie) à s’équiper d’une pompe de leur fabrication qui coûte presque 3 fois moins chère que celles de leurs concurrents.

perrin tableau incendies

Mais surtout, dans les villes de France voire d’Europe (« le feu n’a pas de frontières » écrivent-ils),ils veulent inciter les habitants à se cotiser afin d’acquérir une pompe de premier secours, d’un poids de 27 kg, manœuvrée par 4 hommes et d’un coût minime de 130 fr ! Donc il suffit de 5 habitants qui déboursent 26 fr chacun pour disposer d’une pompe dans chaque rue ! Belle démonstration accompagnée d’un lourd dossier des nombreux témoignages de préfets et de maires convaincus de l’efficacité d’une telle organisation. D’ailleurs de nombreux préfets (qui sont listés avec précision) ont publié un avis en ce sens dans le Recueil  des Actes Administratifs !

Aussi lancent-ils la « Mutualité rurale et mutualité universelle par rue »

pompe perrin 3

Nous ne savons pas si l’empereur les encouragea officiellement. Mais leur campagne commerciale semble avoir été couronnée de succès si l’on en juge par les nombreux témoignages recueillis. Le ministère de la marine aurait commandé ces pompes pour leurs arsenaux.

A Besançon, le journal L’Impartial (qui eut un temps comme directeur Just Muiron, un fouriériste enterré au cimetière des Chaprais), rend compte à deux reprises des essais qui sont organisés en présence des militaires du Génie et d’ingénieurs d’état. Y compris la comparaison des performances avec la pompe à incendie d’une autre marque dont sont dotés les sapeurs-pompiers de la ville (pompe qui a coûté beaucoup plus cher !).

pompes perrinl'impartial é& avril 1855

p a i perrin impartial 21 avril 1855

L'Impartial du 21 avril 1855

Quant à la suite de cette aventure industrielle et commerciale, nous n’en savons pas plus. Peut-être un de nos lecteurs pourra-t-il l’écrire ? Mais la concurrence était féroce et les progrès techniques rapides à l’époque, ont peut-être fait que cette pompe  a été très vite dépassée ?

Qui peut nous renseigner ?

Sources : ajoutons aux sources déjà indiquées (CNAM, BNF, Bibliothèque Munich) celle de  Mémoirevive.Besançon

JCG

 A la suite de cette publication de cet article samedi 4 avril, nous avons reçu deux précisions.

D'abord celle de Jean Pracht qui a retrouvé le brevet d'inventeur de Perrin pour sa pompe à deux cylindres. Voir ci-dessous.

brevet perrin 1853

Et de notre ami M. Roger Chipaux, génélogiste, les précisions suivantes :

Ce PERRIN pourrait être Jean François Xavier PERRIN, serrurier en
1825, constructeur mécanicien en 1840, mécanicien en 1856, domicilié en
1836 à Audincourt (25), en 1840 aux Chaprais, en 1856 route de Baume à
Besançon.
Il est né le 5/9/18OO à Chaffois (25) et s'est marié à Landerneau
(29) le 11/10/1825 avec Marie Françoise Elisabeth BERTHOU.

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